28 et 29 juillet 2015
C’est reparti pour la mythique traversée de la Meije. Cette course très variée est une des plus belles traversée d’arêtes des Alpes. Aujourd’hui, ça commence par une autre « grass mat » et un lever à 4h passées (toutes les autres cordées se sont levées à 3h). Et oui, on est quand même un peu fatigués avec la grosse journée d’hier au Râteau. On part donc les derniers et comme ça on sera tranquille, si personne ne nous balance de cailloux sur la tête!
Isa a bien repris la forme après quelques bonnes heures de sommeil! C’est bien car cette traversée de la Meije est une course relativement longue: on doit d’abord monter au Grand pic de la Meije à 3983 mètres. En tout on doit grimper pas loin de 900 mètres de dénivelé! Puis, si tout va bien, on enchaine sur la traversée des arêtes jusqu’au Doigt de Dieu, une deuxième course d’alpinisme!
On avance donc tranquillement mais surement à travers tous ces passages mythiques qui ponctuent l’ascension du Grand pic de la Meije. On démarre d’emblée par le « Pas du crapaud, court, mais raide passage d’escalade en 3b qui nous mène sur une arête facile que l’on suit jusqu’au « campement des demoiselles ». On bifurque ensuite à gauche pour rejoindre le « couloir Duhamel qui vient buter contre la partie la plus raide de l’itinéraire: la muraille Castelnau.
L’itinéraire astucieux va trouver des passages pas trop durs au milieu de parois fort raides. Les passages clés sont la « dalle Castelnau », le « dos d’âne », la »dalle des Autrichien », le « Pas du chat ».
En 1877, le guide Pierre Gaspard et le jeune Emmanuel Boileau de Castelnau accomplirent un sacré exploit en trouvant un itinéraire sur cette immense paroi sud du Grand pic de la Meije. L’escalade rocheuse en était à ses débuts et l’équipement des alpinistes de l’époque était sacrément rudimentaire. Les deux larrons grimpèrent en chaussettes pour venir à bout du passage clef de la voie et le reste en chaussures à clous. ne parlons pas du matériel de progression, des cordes en chanvres, des habits de l’époque…
Au glacier Carré, on remet les crampons pour remonter jusqu’à la brèche du glacier Carré. De là nous remontons un systèmes de dalles qui vient buter contre un dièdre assez raide en 3c, le « gendarme rouge ». On passe alors versant Nord, suit un court surplomb en 3c également, le « chapeau du Capucin », une arête facile et le sommet du Grand Pic. Nous voici à quasiment 4000 mètres après 7 heures d’escalade! (un peu fatigué de la veille).
Une bonne pause récupératrice et contemplative s’impose. Le temps est au grand beau et il n’y a pas trop de vent. On n’est donc pas stressés par la météo.
La deuxième partie se déroule en haute altitude, mais on va un peu plus vite. Lors du 2ème rappel qui mène à la brèche Zsigmondy, je fais échapper mon téléphone de ma poche!! Après quelques ricochets, il part faire le grand saut dans la face nord de la Meije… Sniff, je perds toutes les photos des 10 jours précédents… Je retrouve tout de même la batterie quelques mètres en dessous: ça fera ça de moins qui polluera pas… On contourne ensuite par la face nord de la Dent Zsigmondy en empruntant une raide goulotte en glace à 70° dont la montée est facilitée par un câble en place. Puis la 2ème, 3ème et 4éme dent sont plus faciles. Et enfin le Doigt de Dieu que l’on va descendre en rappels jusqu’après la rimaye. Une courte marche sur un glacier bien crevassé nous amène au tout récent refuge de l’Aigle où l’on est encore très bien accueilli par les jeunes gardiens Laura et Louis.On aura mis 6h pour faire la Deuxième partie.
On s’octroie une pause bien méritée pour la nuit. On va alors faire une vrai grasse matinée, réveil 7h passées. Un petit dèj de roi et c’est reparti pour la longue descente dans la vallée.
Bravo Isa pour ce très bel enchaînement.
JUIL